Été 65 — extrait de Basketball Diaries

Je vais bientôt avoir quinze ans et la dépendance « Pepsi-Cola » à l’héro, que j’ai contractée cet été, resserre son étau autour de moi de plus en plus. Pour la première fois depuis que j’ai perdu la virginité de mes veines, à treize ans, j’ai le sentiment qu’il faut que je me remette d’aplomb vite fait, parce que le bahut, ça s’approche à une vitesse vertigineuse et pas moyen d’aller à l’école quand on est accro.
La dépendance « Pepsi-Cola » à la poudre, c’est une première accoutumance bénigne qui s’installe subrepticement pendant qu’on se dit : « Merde, ça fait déjà trois ans que je fais le con avec la came, mais je sais à quel moment je dois m’arrêter, et je ne suis jamais accro. » Mais un jour au réveil, le nez se met brusquement à couler, les yeux à pleurer, les muscles du dos et des jambes sont lourds et raides. On est le dindon de la farce, finalement, même si on croit être « maître du jeu » depuis longtemps. Alors je me regarde dans le miroir, et je m’aperçois que je ferais mieux de laisser tomber la poudre aussi sec. Je cesse de me raconter des histoires, quoi. C’est pas facile.

Jim Carroll

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