Automne 65 — extrait de Basketball Diaries

L es junkies, c’est une race bizarre, c’est ce qu’on finit par se dire au bout d’un moment. Je veux dire, ce soir tout le monde délire sur la came du tonnerre vendue par Fudgy et nous conseille solennellement de ne rien acheter au gros Victor, qui est à peine à quelques mètres : « De la merde à côté de celle de Fudgy, il faut le trouver, lui, c’est tout. » Merde, non, pas moi, j’ai pas pris de poudre depuis plus d’un mois et je trouve que se fournir auprès de Victor c’est bien commode puisqu’il est à proximité, alors j’achète trois paquets à cinq dollars et je vais me shooter dans les buissons. Je suis raide comme tout, sa came est excellente, mais non, les autres, il faut qu’ils aillent chercher Fudgy du côté de la salle de billard.
Il fourgue sa came au carrefour le plus chaud de la ville, cette rue est une véritable étuve, on peut sentir les ondes de chaleur des flics des stups prêts à fondre sur leurs proies brûler les semelles des baskets, là-bas. (…)

Jim Carroll

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