Hiver 66 — extrait de Basketball Diaries

Je n’ai pas aussi peur de la bombe qu’il y a encore deux ans, mais c’est un sujet qui me rend encore très parano… aucun doute là-dessus. Simplement, je m’y suis habitué au point d’en faire un mode de vie aux règles assez subtiles… J’en suis à compter les jours qui me restent… en profitant au maximum de chaque répit dans la guerre froide. La peur de mourir me permet de gagner du temps à crédit. J’ai passé la journée à réfléchir à ça.
Je pensais que je pouvais diviser le passé en périodes durant lesquelles j’avais des myriades de raisons « importantes» de souhaiter (et plus jeune, entre sept et neuf ans, de prier) que la fin du monde, que la pression fatale sur le bouton atomique attende encore un peu, le temps que ces fameuses raisons de « vivre un peu plus longtemps» n’aient plus lieu d’être. « Le temps que ce projet dans lequel je me suis investi se réalise. » Je me souviens avoir pensé, « ça ne prendra pas beaucoup plus de quatre mois… après, si on doit sauter, tant pis ! » Il n’y avait pas besoin qu’il s’agisse d’un projet particulièrement important, et le temps nécessaire pour le mener à bien était variable. (…)

Jim Carroll

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