Hiver 66 — extrait de Basketball Diaries

À huit ans je souhaitais que les dirigeants des superpuissances se calment un peu, reportent l’échéance d’un été au moins, pour que je puisse jouer une saison entière au base-ball en ligue poussins avant la fin du monde.
Et même, je me souviens encore avoir espéré qu’ils retardent les mesures de représailles pendant la crise cubaine, assez longtemps pour que je puisse jouer un match important de basket le vendredi soir. Et la fois où on devait aller en colo avec le Boys’ Club dans un camp de vacances sensationnel, si on arrivait au bout du mois avant la fin du monde, cet été-là… Parce que c’est pas des histoires, c’est dans cette ambiance que j’ai grandi… c’est comme ça que je mesurais le temps… il n’y avait pas moyen d’y échapper… chaque fois qu’on devait partir en voyage, ou que la saison démarrait dans tel ou tel sport… à chaque fois que se présentait quelque chose qui valait le coup, on pouvait être sûr que les sirènes allaient se mettre à entonner leurs chants de mort. (…)

Jim Carroll

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